La Symbolique du Parc

du Château de Champs-sur-Marne

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Par Lucien Follet

1 Historique du lieu, les Michel. ( lien direct  )

2 Le Parc qui réunissait les deux Châteaux, de Champs et de Noisiel. ( lien direct )

3 Histoire et cartographie. ( lien direct )

4 Axe nord magnétique. ( lien direct )

5 Axe nord géographique. ( lien direct )

6 Les deux équerres et les Vasques Soleils. ( lien direct )

7 La Belle Amphitrite. ( lien direct )

8 Les deux Tritons. ( lien direct )

9 Symbolique et Altimétrie. ( lien direct )

10 La Méridienne de Champs. ( lien direct )

11 La Borne du Nord Géographique. ( lien direct )

12 Le ru de la Hart. ( lien direct )

13 Le chemin de Halage. ( lien direct )

14 Souvenirs et Introspection poétique de l’histoire. ( lien direct )

15 François Gaston chevalier de Lévis. ( lien direct )

16 Le Château de Noisiel. ( lien direct )

17 Votre guide et remerciements. ( lien direct )

Ce que le Parc nous donne à voir provient de plusieurs superpositions d’actions

sur les jardins depuis l’époque de la création du Château.

La symbolique qui en résulte dépasse les protagonistes eux-mêmes pour une

synthèse qu’ils n’avaient probablement pu entrevoir, chacun ayant cumulé ses

travaux sur les précédents.

Ce développement d’idées prend fin avec les domaines publics et la conservation

définitive de l’image du Parc restauré aujourd’hui.

(Parc à l’abandon coté Est en 1989)

Il est donc possible de parler d’une vision symbolique du Parc qui ne sera plus

jamais bouleversée par des idées nouvelles d’agencements.

L’étude proposée commence avec la vente du Château par la Vallière

en 1763 à Gabriel Michel.

Nous avons la carte du Parc de la Vallière, ainsi que celle antérieure

de Delagrive 1741, il est donc possible de les comparer. La carte IGN pour le Parc

actuel résulte essentiellement des aménagements de Cahen d’Anvers, dernier

propriétaire au début du XXe.

(A l’histoire du Château de Champs, il faut associer pour la période recherchée,

le Parc de Noisiel, dont la vente par Lévis à Menier 1879, clôt définitivement

l’empreinte du territoire espaces verts et boisés.)

1) Historique pour situer l’époque et le lieu :

Gabriel MICHEL

1763

CHAMPS

Dans la première moitié du XVIIIe siècle, le Château de Champs et son domaine

appartiennent à la famille de la Vallière. Le duc de la Vallière les revend en 1763

à Gabriel Michel qui est trésorier de l'artillerie, riche armateur nantais et co-directeur

de la prospère Compagnie des Indes.

Gabriel Michel est seigneur de Doulon et de Tharon, conseiller secrétaire du roi.

1777

NOISIEL

Le domaine de Noisiel est racheté par les Michel en 1777 à Noël Félicien Boffin de la Sonne.

Gabriel Michel aura deux filles, deux riches héritières dotées chacune de 8 millions de livres.

Pour ses filles, il obtiendra des lettres de noblesse afin qu'elles soient qualifiées de

"nobles demoiselles". Nous sommes en pleine période où les grands serviteurs du

royaume sont anoblis par le roi, au grand dam de la vieille aristocratie. ( Réf: Maryse Rivière)

L'aînée des filles Michel est Henriette Françoise, elle épousera en 1757 Jacques Auger,

marquis de Marbeuf. (Ou Marboeuf ).

Marbeuf est maréchal de camp, mort en 1789. (Souvent confondu avec son oncle le

célèbre Marboeuf administrateur de la Corse…)

La deuxième fille Michel est Gabrielle Augustine, elle épousera en 1762 le chevalier

François Gaston de Lévis.

Presque en même temps se situe en 1763, l’achat par Gabriel Michel de Champs ainsi

que le mariage, un an auparavant en 1762, de sa deuxième fille avec le chevalier

de Lévis. Puis l’achat de Noisiel en 1777, pour achever les possessions des domaines alentours.

Suite au décès de leurs parents les filles Michel héritent de tous les biens : Madame de

Marbeuf récupère le Château de Champs, celui de Gournay, Madame de Lévis récupère

d'autres biens, le Château et les terres de Noisiel, Torcy, la Malnoue etc... 

Domaine des deux soeurs Michel :

CHAMPS-sur-MARNE

Henriette Françoise

NOISIEL

Gabrielle Augustine

2) LE PARC QUI RÉUNISSAIT LES DEUX CHÂTEAUX

(carte de Delagrive 1741 d’une très grande précision)

Châteaux de Champs et de Noisiel.

C’est à partir de cette carte que l’on peut étudier les transformations apportées

aussi bien par la Vallière, ainsi que, dès 1777, par Gabriel Michel aidé par François Gaston

de Lévis l’administrateur de l’Artois et pour finir par Cahen d’Anvers.

(Le grand Parc à l’Anglaise du milieu de XIXe , s’il permet l’unification des jardins, n’apporte

que peu de renseignements sur la symbolique qui nous occupe, indispensable

tout de même pour comprendre les aléas de l’histoire et les bouleversements

des parcs des deux Châteaux.)

Le premier geste familial des Michel, dès l’année 1777,

sera d’ouvrir un passage dans les Parcs, entre les deux

Châteaux : transversalement.

C’est à dire avec la création d’un chemin direct le plus court possible.

C’est le premier tracé ne respectant plus la belle ordonnance des jardins à la Française.

Ancien passage donnant sur Marbeuf entre les deux domaines, cette colonne tronquée ovale

se trouve près du grillage coté Lévis. Route abandonnée encore apparente dans le tracé de la

carte IGN en pointillé.

Colonne tronquée ovale, ultime témoignage du passage entre les deux Parcs,

Coté Noisiel.

Début de la route donnant vers le Château de Noisiel depuis la colonne tronquée

ovale qui se trouve derrière l’objectif.

Cette route a été utilisée pendant le XIXe siècle. Le conte de Nicolay, héritier

de Lévis vend les terres les fermes et le Château de Noisiel à Emile Menier

en 1879. Cette vente séparée des deux domaines provoque l’oubli du passage.

Une clôture entre les deux Châteaux, un siècle après, délimite à nouveau les deux parcs…

Route transversale entre les parcs, toujours présente.

(Carte du XIXe faisant abstraction des jardins et des Châteaux, transformés

à la Révolution avec la réquisition des biens, en pâtures et rendement agricole.

Puis en parc arboré à l’Anglaise dès le retour du fils de Lévis, réfugié en Angleterre.

Par héritage et par rachat, le fils de François de Lévis retrouve la totalité

des biens de sa mère et de sa tante ; les terres et les Châteaux pillés

et partiellement détruits.)

3) HISTOIRE et CARTOGRAPHIE

Après ce rapide survol de l’histoire et pour mieux apprécier les descriptions qui vont suivre,

il est important de connaître les bases graphiques des découvertes de l’époque des Lumières

concernant les cartes, avec la recherche précise par les scientifiques et les géomètres,

des données sur le nouveau Nord Géographique.

L’axe de la terre n’étant pas le Pole magnétique, la boussole ne doit plus indiquer la verticale

des cartes…

Premier repérage :

Carte de Triangulations à l’Est de l’Ile de France. Avec au centre le Méridien

de l’Observatoire de Paris, par Cassini 1718 . Premier Nord Géographique

qui va bouleverser la cartographie !

(source : Internet)

Tour de Montlhéry Tour de Montjay

(La tour de MONTLHERY: site d’expériences :

Pierre Gassendi (1592-1655) savant et mathématicien, étudie la

transmission du son, entre les tours de l’Observatoire de Paris et de Montlhéry.

Donjon de la tour de Montlhéry et Observatoire de Paris sont distants de 23 Kms.

Claude Chappe (1763-1805) invente le télégraphe optique, Montlhéry et ses

hauteurs sont un lieu privilégié d’essais et de fonctionnement de ce télégraphe)

(dessin Observatoire Arago Paris XIIIe)

C’est de là que les études ont commencé.

Méridien de Cassini et Triangulations à l’Est de Paris.

La ligne qui va de la Tour de Montlhéry au Sud, à la Tour de Montjay

au Nord-Est, recoupe en diagonale le Parc du Château de Champs-sur-Marne :

Tracé Montlhéry Montjay

Ces nouvelles scientifiques de Triangulations à l’Est de Paris n’ont pu

passer inaperçues pour les propriétaires du Château… Les géomètres

recherchant les tours proéminentes dans la configuration des paysages…

Que nous donnaient à voir les cartes ? un Nord Magnétique avec une

superbe croix nord-sud vue du ciel :

4) Axe Nord Magnétique de l’Allée du Château

L’angle droit entre les lettres du mot Champs et la

ligne de l’allée du Parc du Château, démontre le

positionnement :

(La carte de Trudaine est postérieure à celle de Delagrive et de Cassini,

pourtant elle ignore encore le nord géographique…)

(modèle sur les cartes aujourd’hui entre les deux nord )

La nouvelle cartographie intègre dans son positionnement le calcul du

NORD GEOGRAPHIQUE :

5) 1741 Première carte au Nord Géographique

Sur la carte de Delagrive de 1741, l’allée du Château se décale

vers la gauche, première carte au Nord Géographique. Vu du ciel,

les deux allées perpendiculaires des jardins avec le Château à sa tête,

symbole de croix chrétienne (magnétique) Est-Ouest, Sud-Nord…

C’est le Château de la Vallière, son inscription dans le paysage perd

sa valeur. « Avec ce nouveau Nord, la déité décline vers la reconnaissance

de la Science ».

C’est à partir de cette carte que la Méridienne du Château sera calculée…

Les proportions du Parc devront être revues pour parfaire une géométrie

idéale dans ses mesures.

Pour donner au Château de Champs l’opportunité d’une symbolique forte

et au vu de l’exemplarité de sa situation géographique tout à fait exceptionnelle ;

les Sœurs Michel, avec la réunion des deux Châteaux de Champs et de Noisiel,

vont réaliser une véritable merveille. L’ordre suivant n’est donné qu’à titre d’idée

de transformation, calculs et applications sont en réalité groupés dans le

même laps de temps :

6) Les deux Equerres, le rajout de l’allée centrale pour le

calcul du Nord, la Borne de Triangulation, le détournement

du ru de la Hart vers l’aval.

En comparant la carte actuelle avec celle de Delagrive 1741, on voit que

la petite Equerre , coté Est, parallèle à la route devant le Château, a été faite

après l’achat en 1763 !

En effet l’allée ancienne, allant vers l’Est depuis le Château , carte Delagrive,

n’est pas à 45°.

On suppose donc le retraçage angle droit de cette allée et le positionnement

de deux marques aux extrémités. Ces deux marques ont été reprises dans

la réfection du Parc par les Duchêne, paysagistes de Cahen d’Envers,

à la fin du XIXe, pour devenir aujourd’hui :

La petite EQUERRE aux deux Vasques Soleils

Vasque N°2

Vasque N°1

La petite équerre termine ses droites par deux Vasques figurants

deux Soleils autour de chacun des visages.

La Première Vasque Soleils se trouve à l’extérieur de l’enceinte

du Château actuel, en haut de l’allée Sud allant vers les réservoirs d’eau.

Elle est absolument identique à la Seconde, la seule différence vient de

leur positionnement respectif :

la 1 donne les deux Visages Soleils NORD-SUD.

N°2

La 2 donne les deux Visages Soleils EST-OUEST.

Ces Vasques Soleils semblent les plus anciennes, le modèle a

servi pour les quatre autres vasques, en les stylisant par épuration

des décors. Outre les Soleils donnant les quatre points cardinaux,

les têtes de Béliers indiquent « la recherche de la Connaissance ».

Le socle de ses Vasques est décoré de la peau du Bélier : « la Toison d’Or ».

« Bélier, premier signe du Zodiaque énergie et volonté inébranlable, caractère

solaire. »

Ces Vasques d’esprit et de style Louis XIV, pouvaient être situées ailleurs,

c’est une volonté de symbolisme et de perfection géométrique, qui les a fait

se retrouver aux extrêmes pointes de deux droites en équerre, dont l’une

est la visée du Château en direction du Nord Magnétique et l’autre vers l’Est

en direction du Soleil levant.

Si la Vasque Soleils N°1 (ou un marquage en pierre) pouvait déjà se trouver

au Sud du paysage en haut de l’allée déjà tracée en 1741, il n’en est pas

de même pour la Vasque N°2 (sa jumelle). En effet l’allée parallèle à l’enceinte

du Château où se situe cette Vasque n’existait pas sur la carte Delagrive,

pas plus que sur la carte du Parc de la Vallière reproduite dans la brochure

de Cahen d’Anvers : or le Château a été vendu par la Vallière en 1763 à Michel,

donc le nouveau tracé pour positionner la Vasque Soleils N°2, en rose sur la carte,

date d’après 1763…(La brochure touristique du Château donne comme version :

« La Vénus pudique »  à la place de la Vasque Soleils N°2 ! )

(Le Château de la Vallière à Champs,

dans la brochure de Cahen d’Anvers, 1928. On remarquera que l’allée Sud

où se situe la Vasque N°1 n’est mentionnée que pour un tiers seulement, preuve s’il en est

que la Symbolique n’était pas présente pour la Vallière et ne l’était pas non plus

dans la réfection du Parc à la fin du XIXe.

De même la continuité de l’allée Nord, son extension, n’existe pas encore à l’époque de la Vallière.)

LES VASQUES DU CHÂTEAU DE CHAMPS

Au nombre de 6, nous les repérons de 1 à 6 sur la carte IGN actuelle :

N°3 N°4

La Troisième simplifiée, conserve les deux têtes de béliers. La Quatrième d’une grande

perfection, voit le dessin de sa base, rappelant la vasque 3, se tordre en diagonale avec

ajout de feuilles d’acanthes, le col est particulièrement travaillé, bien mis en valeur par

les nervures d’une couronne de feuilles qui en rehausse le volume. Les socles des quatre

premières sont identiques avec la toison du bélier sur les quatre faces. Ces deux vasques,

trois et quatre, encadrent le bassin d’Amphitrite. 

N°5 N°6

Les Vasques 5 et 6 sont identiques, très sobres sans décoration, la toison de bélier

a disparu. Leur restauration permettra de mieux les apprécier, le marbre est de

belle qualité uni.

Approximativement d’égale grandeur, ces vasques 3 4 5 et 6, comme le groupe

des Tritons au nord de l’allée centrale et le bassin d’Amphitrite, sont

postérieures aux autres décorations sculptées du Parc à la Française.

(L’époque choisie pour l’étude écarte les petites sculptures anciennes.)

(1752 : Le Parlement de Paris condamne l’Encyclopédie

« Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers »

Le caché est préférable aux manifestations de la grandeur…)

La grande Equerre

L’idée sera de construire une grande Equerre en jouant avec la perfection

géométrique, qui peut rester cachée aux yeux du commun…

Epoque des grandes découvertes, la formidable nouveauté de la cartographie

exacte incite à perfectionner, dans l’absolu, toutes les données possibles des

mesures de ce Parc. Le positionnement, avec une boussole de la croix

Nord-Sud des jardins était déjà, unique pour l’Ile de France…

MUR d’enceinte SUD, du Château de Champs

A l’endroit exact où le mur d’enceinte sud-est tourne, nous quittons Champs

pour entrer sur Noisiel.

Ce mur d’enceinte en ligne droite est de 725 mètres

avant de bifurquer vers la droite.

(Tous les calculs de l’époque sont en toises. On pourra

les perfectionner en les mesurant non plus sur une carte comme cela a été fait,

mais sur le terrain, des différences peuvent donc apparaître.

Ce mur moderne n’est pas forcément identique à celui de la carte de Delagrive ) 

La visée de l’allée centrale sera donc étendue à son double,

soit : 1450 mètres.

Distance maximale possible depuis la Vasque Soleils au Sud, jusqu’à la statue des

Tritons au Nord. Ainsi comme on peut le voir,

la Belle Amphitrite se retrouve au centre du dispositif symbolique.

(Gardons en mémoire, que les points géométriques définis par ces mesures

ont été postérieurement surchargés :

Vasques, Statues. Les repères pouvaient être tout autrement signalés

lors de leurs calculs. Et n’oublions pas également que ce bassin et son

emplacement ont été « retrouvés » par le paysagiste de Cahen d’Envers.)

Voici une carte de la fin du XIXe où il serait bien difficile d’imaginer

un beau jardin à la Française, la seule allée restante est celle extérieure au Château

allant vers le point de la Vasque Soleils Sud.

Carte fin XIXe du Parc à l’Anglaise du Château de Champs tel que l’a connu Cahen d’Anvers.

Plus rien n’existait des anciens Parcs, le repositionnement du bassin central

est bien problématique… Un siècle s’est écoulé avant de vouloir retrouver

les anciens jardins…

La belle ordonnance des calculs a été malmenée par méconnaissance.

La réfection du Parc par Duchêne a été déduite de la carte la Vallière Pompadour.

Actuellement on trouve donc 745 mètres entre la Vasque Soleils et le Bassin d’Amphitrite.

Il ne reste donc que 705 mètres entre Amphitrite et les Tritons.

Calculs fait à partir des cartes et non sur le terrain.)

La comparaison entre toutes les données disponibles montées au même format

pour le calcul des mesures du Bassin central, devraient nous donner

de nouveaux renseignements :

Seule la carte de Trudaine en couleur relate avec évidence le bassin central.

Si l’on pouvait faire une superposition parfaite de ces cartes,

on trouverait d’où vient l’imperfection actuelle. La carte de Duchêne, très belle,

ne donne malheureusement pas la position du marquage sud de la Vasque Soleils !

Cette carte ignore le nouveau Nord Géographique ainsi que l’extension de la visée…

Et bien sûr il manque la carte Michel, de Lévis…

Personnellement, j’ai trouvé que la rotonde (bassin) chez Delagrive était plus près du Château

que sur les autres cartes. Comme les calculs, Michel, de Lévis, ont été fait à partir de la carte Delagrive,

nous sommes de fait plus près des 725 m, donnant le centre de la grande équerre.

On pouvait facilement se procurer à Paris chez l’éditeur, la première carte au Nord Géographique

qui comportait tout l’environnement du Domaine et permettait sur plans les extensions nécessaires ).

Revenons donc aux calculs parfaits des Michel, Marbeuf, de Lévis:

Grâce à ce nouveau dispositif étendu du Parc,

la Vasque Soleils Sud devient le point le plus haut du paysage, quand

le socle de la statue des Tritons se retrouve, le point le plus bas possible

du paysage.

Repère NORD extrême à 37,50M cote altimétrique ! Cette carte a servi

en 1994 pour le PSS : Plan des Surfaces Submersibles de la vallée de la Marne.

cote 41 de l’ancien mur et du chemin de garde

à comparer avec la carte la Vallière ou Delagrive.

Le chemin de garde longe la cote 41 jusqu’au Château de Noisiel

la carte Delagrive est très explicite sur ce tracé en surplomb.

Trop proche de la Révolution qui a détruit beaucoup de documentation,

aucune carte ancienne ne mentionne l’extension de l’allée Nord.

Statue des Tritons et allée basse seulement soulignée par des rangées d’arbres.

La cote altimétrique du terrain où est positionnée la statue des Tritons est de

37,50 mètres du niveau de la mer, or si l’on continue cette visée de l’autre

coté de la Marne rive droite, on se retrouve à la cote 39. (Soit 1,50m au dessus.

D’ailleurs les crues décennales de la rivière sont à la cote 39. )

Donc les « Tritons pataugent » toujours dans leur élément, l’eau !

Cette situation, dans le Parc de Champs-sur-Marne, suggère pour l’observateur,

que les Tritons viennent de la mer où règne leur père Poséidon.

7) La Belle Amphitrite

C’est bien pour affirmer cette symbolique, qu’Amphitrite, femme de Poséidon

et mère des Tritons, se retrouve au centre du nouveau dispositif.

L’évidence de cette nouvelle Equerre, c’est la prédominance affirmée

de la Femme. On remarque également qu’Amphitrite fait front au roi Soleil,

elle devient l’obstacle à la domination de la Lumière, elle protège par sa

personne ses enfants son domaine et l’obscurité du monde inférieur liquide

où règne son époux Poséidon…

« Le dieu de Lumière, le roi Soleil, ne peut qu’être charmé

par tant de grâce féminine. »

La Belle AMPHITRITE dans son Bassin domine les monstres marins,

quatre Serpents et douze Chiens de mer. Son attitude et son visage ne

démontrent aucune peur, c’est un geste d’apaisement et non de colère.

Ces bêtes qui l’entourent lui obéissent… La Belle Amphitrite est paisible,

sereine dans son élément…

(La brochure touristique du Château donne comme définition :

« le bassin de Scylla…d’une grande beauté, elle aurait refusé les avances

de Glaucus qui l’aurait transformée en monstre marin…

Ce groupe en plomb doré, n’est donc ici que la première étape de

cette transformation ». Statue fin XIXe)

8) LES DEUX TRITONS

« Les Tritons sont fils de Poséidon et d’Amphitrite, hommes dont le

corps se termine par une queue de poisson. Poséidon est le dieu de

la mer et de l’élément liquide. Son attelage est formé de deux chevaux

à la crinière d’or et Pégase est son fils. »

vue de profil

Le Triton de gauche présente une sorte de corne d’abondance,

ou bien désire-t-il nourrir ou abreuver le cheval furieux ?

(La brochure touristique du Château donne les renseignements suivants :

« Copie agrandie du bain des chevaux d’Apollon faisant partie

de la grotte de Thétys à Versailles ». Statue fin XIXe)

(Photo site Internet du Château et dépliant touristique)

9) SYMBOLIQUE ET ALTIMETRIE

1450 mètres horizontalement permettent une déclinaison verticale de 40 mètres.

40 mètres est aussi la mesure entre Les Tritons et l’Océan à la cote 0 mètre.

Cette relation, Nord-Sud parfaite sur le terrain, entre cotes altimétriques

et symboles premiers est unique en Ile de France !

Aucun parc de Château ne donne à voir une telle merveille…

10) LA MERIDIENNE DU CHATEAU DE CHAMPS

L’aide des techniciens du maréchal de Lévis sera indispensable, car beaucoup de

transformations sont nécessaires pour aboutir au résultat de ce nouveau jardin.

« François Gaston de Lévis est administrateur d’Arras… Arras était le siège des états

provinciaux de l’Artois. De Lévis se préoccupa de l’amélioration des communications

à l’intérieur de sa province, en particulier de la construction d’un canal entre Béthune

et la Lys, et d’une route entre Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer. »

Pour arriver à positionner un angle assez grand dans le paysage qui donnerait

à voir les deux Nord, l’ancien Magnétique et le nouveau Géographique, il faut

reconsidérer la visée de l’allée centrale du Parc et lui trouver un point de calcul nouveau

qui soit hors de l’ancien Jardin à la Française.

Comme nous l’avons vu précédemment, la ligne droite de l’équerre, mesure 725 mètres.

Cette distance est doublée pour arriver hors jardins : 1450 mètres.

En partant du point le plus haut du paysage : la Vasque avec les deux Soleils tout

au Sud à coté du château d’eau, on doit rajouter un morceau de ligne droite dans

la prairie au point le plus bas du paysage tout au Nord,

pour atteindre cet absolu de 1450 mètres.

POINT SUD

Vasque Soleils : départ de la visée Sud

(Ce lieu se trouve bien à l’extérieur de l’enceinte du Château.

Datant d’avant la Révolution, où toutes les terres

appartenaient au même propriétaire).

POINT NORD

Le nouveau point NORD se trouve aussi à l’extérieur de l’ancienne muraille

de plus de deux mètres de haut qui séparait et protégeait les domaines de

la vallée de la Marne. La prairie n’étant que le lit secondaire de la rivière.

Si le tracé de cette muraille est en biais c’est bien parce qu’il suit la cote

altimétrique 41, cette hauteur relative par rapport à la prairie reste une

défense naturelle, « le chemin de garde ».

Rajout dans la prairie depuis la cote 41, (statue des Tritons cote 37,50)

et Borne de Triangulation du Nord Géographique.

(ruisseau de la Hart : délimitation cadastrale Champs-Noisiel après la Révolution)

On dévouvre plusieurs éléments sur cette carte : la cote 41 est l’ancienne

protection du mur d’enceinte des deux Châteaux, comme on le devine

sur la carte Delagrive. Le dessin du nouveau Parc tout en donnant une

nouvelle perspective à la visée du Château, dans une prairie trop basse

pour être vraiment utilisable, permet de construire hors des jardins

à la Française la Méridienne du Château de Champs-sur-Marne.

C’est aussi le deuxième élément extérieur rajouté, avec le chemin

transversal entre les deux Châteaux, venant détruire l’ordonnance

du jardin à la Française de La Vallière).

Par contre la protection du mur d’enceinte est annulée,

des escaliers viennent continuer la descente dans le Domaine

de Poséidon, les pieds dans la terre molle car jamais cette allée

ne fut stable, seulement soulignée par l’allée d’arbres qui la borde…

(Visée depuis le Nord, au fond le Château)

La carte Michelin mentionne la statue mais pas l’allée qui y mène,

elle n’est praticable qu’en été.

Jusqu’à présent personne n’a eu l’idée de gravillonner cette allée,

ce serait symboliquement une grande erreur.

11) LA BORNE DU NORD GEOGRAPHIQUE

« Méridienne de Champs »

Dans le calcul de l’angle, nous avons la Borne pour positionner

le Nord Géographique. Pour la Nord Magnétique, la statue des

Tritons remplace la marque du repère ancien, un socle en pierre

probablement.

Le paysagiste de Cahen d’Anvers à la fin du XIXe, ne pouvait pas savoir

que dans les fourrés de l’autre coté de la clôture entre Champs et Noisiel

à 110 mètres de là, se trouvait la borne de Triangulation de la Méridienne

du Château… placée a une époque ou il n’y avait pas de séparation entre

les Parcs.

Entre temps les Menier, devenus propriétaires de Noisiel en 1879, avaient

restructuré leur domaine bien distinct de celui de Champs empiétant

sur son parc nord-est, provoquant ainsi l’oubli de la Méridienne.)

(Visite de la Borne Lundi 15 décembre 2003, avec Isabelle Terroir Journaliste

au SAN Marne la Vallée/Val Maubuée et Mr Bégué élu de Chelles.)

Réponse à mon courrier de l’ IGN :

« La Borne que vous avez découverte, telle que nous avons pu la situer approximativement, 

ne figure ni dans la liste des repères géodésiques publiés actuellement, ni dans le

"répertoire des coordonnées et altitudes des points géodésiques et de triangulation

complémentaire" de la feuille au 1 : 50 000 de Lagny, publié en 1956, qui reprenait un

grand nombre des repères implantés par le Service Géographique des Armées lors de la

mission géodésique  de 1899 dans cette région. Il en ressort que soit cette borne a été

mise en place antérieurement, soit elle appartient à une triangulation locale non

répertoriée au niveau national. En tout cas, le triangle gravé sur sa face supérieure,

plutôt qu'un symbole ésotérique quelconque, semble à notre avis indiquer qu'il s'agit

bien d'un point de triangulation.

En ce qui concerne le "déplacement" du méridien, qui recouperait maintenant

l'emplacement de cette borne, il s'agit d'une pure coïncidence. En fait, la nouvelle ligne

bleue, de direction approximative nord-sud, qui apparaît sur la carte n'est pas un méridien,

mais une ligne du carroyage UTM (Universal transverse Mercator) ajouté sur les

éditions récentes pour faciliter l'emploi de la plupart des GPS de poche, qui donnent

la position dans cette projection. »

Martial JEANNOT

Chargé de mission

Service de géodésie et nivellement de l’IGN.

Voici la conclusion d’un scientifique, je parlerai donc d’une coïncidence heureuse,

puisque cette borne se trouve effectivement sur une ligne NORD-SUD passant

exactement sur la Méridienne du Château et venant recouper la Vasque Soleils au Sud.

(Les traces blanches sur le dessus proviennent des quatre ou cinq ans de

passages de la débroussailleuse. En effet le chemin n’était pas refait

à l’époque, les broussailles envahissaient le passage.

Le nouveau responsable des Parcs, répondant enfin positivement

à mes courriers ( sur la possible disparition de ce témoignage

historique) a fait protéger la Borne par deux troncs carrés de bois.

Relevé de la Borne par Anne Barbara, Responsable du Patrimoine

de la ville de Noisiel à qui j’ai demandé l’aide pour

son authentification en novembre 2003.

(J’avais cru voir une équerre très abîmée sur le côté Ouest du triangle,

je cherchais donc également du coté des francs-maçons…sur François Gaston

de Lévis je n’ai rien trouvé par contre son ami anglais James Murray était

bien inscrit dans une loge, voir plus loin… )

La Méridienne de Champs-sur-Marne

3°15 entre les deux Nord donnent

pour les 1450 mètres un écart de 110 mètres.

(Approximativement, calculs sur cartes. A droite on peut voir une

autre carte du XIXe, avec des prairies et quelques bosquets d’arbres)

12) Le ru de la Hart

Transformation majeure apportée par de Lévis à la réunion des deux

Parcs, l’écoulement des eaux.

C’est le grand problème de ces deux domaines, très pentus ils doivent

être drainés correctement pour espérer devenir utilisables.

De l’eau jaillit de tous cotés et ruisselle vers la prairie basse.

N’oublions pas qu’entre le haut et le bas de ces terrains nous avons

40 mètres de dénivelé. Par comparaison il y a aussi environ

40 mètres de dénivelé entre la prairie de Champs et l’océan à l’embouchure

de la Seine ! Cela paraît presque incroyable… Probablement le seul endroit

d’Ile de France donnant à voir un tel phénomène de comparaison et de

régularité altimétrique…

Prairie basse du Parc, ancien lit de la Marne, actuellement sur Noisiel. Vue d’Est en Ouest.

L’exutoire du ru de la Hart existe toujours mais il s’écoule désormais vers

la gauche, (suivant le tracé rajouté, pour comprendre les travaux de l’ingénieur

paysagiste du chevalier de Lévis). Avec ce percement du ru, la grande pairie est

presque divisée par deux entre Marne et Château de Champs. Le grand platane

se trouve à l’angle.

Le crayonné orange donne les séparations cadastrales actuelles

entre Champs et Noisiel. On les comparera avec l’actuelle délimitation

du Parc du Château de Champs dont une partie de la foret se retrouve incluse

dans le Parc de Noisiel…

C’est le ru de la Hart qui en délimite le tracé dans la prairie.

Sur la carte de Delagrive il n’est pas possible de distinguer si la prairie était à

Champs ou à Noisiel. Nous pensons que la prairie était sur Champs, car le

ru de la Hart, fermé sur son débouché en Marne par un barrage, permettait

l’isolement total et une bonne protection du Château de Noisiel.

ECOULEMENT DU RU

L’écoulement du Ru de la Hart passait par-dessous le chemin de halage,

il existe encore, le voici :

Le pont de la Hart aujourd’hui abandonné et le chemin de halage.

Cet aménagement est resté depuis, le ru forme un petit lac à cet endroit.

Il n’y avait donc pas de cheminement piétons du Château de Noisiel

vers la prairie basse. C’est après la Révolution que le cadastre découpa

la prairie suivant le tracé du ru vers l’aval.

Pour permettre l’écoulement vers l’Ouest, en aval, sans dénaturer le site,

c’est à dire en conservant le petit lac devant Noisiel, il a suffit de rehausser

le barrage d’un mètre de hauteur pour que le ruissellement change de direction…

Et vienne également protéger Champs…

Son tracé n’est en rien artificiel il s’écoule facilement au plus bas de la prairie vers l’aval.

Magnifique Platane, en lisière dans la prairie.

C’est la limite du parc à l’Anglaise de Champs. La frontière cadastrale

remonte en droite ligne en allant plein Sud. C’est également là que débouche

le ru de la Hart dans la prairie.

Parc de Champs Platane

Toute la partie grise, entre le ru de la Hart en vert et la clôture de

Champs en tirés noirs, appartient à Champs et non à Noisiel dont

le territoire actuel est en orangé… C’est le seul témoignage restant

du Parc à l’Anglaise du Château de Champs-sur-Marne, il a toute

son importance. Il donne à voir les limites du domaine de Champs

tel que les Michel l’on connu : Ancienne enceinte du Château de Champs.

Et ce n’est qu’aujourd’hui, avec l’étude des tracés cadastraux, que l’on

peut concevoir la différence entre l’usage de dire « le Parc de Noisiel »

et la réalité territoriale d’exprimer  « le Parc de Champs »… pour donner

à ce morceau de forêt sa véritable identité.

Chemin de garde du Château de Champs, jonché de pierres sur sa droite,

reste du mur qui séparait le domaine de la prairie en contrebas.

Parc à l’Anglaise de Champs, allant vers l’Ouest, avec de magnifiques séquoias…

Cette photo montre la limite entre les deux Parcs : derrière l’objectif nous

sommes sur Noisiel, devant sur Champs.

Le chemin qui descend à droite donne sur la prairie, vers le Platane.

Sous la route l’exutoire du ru de la Hart.

Sur le même chemin à 150 mètres vers l’Est de la précédente photo.

Séquoia sur le chemin de garde à la cote 41, Parc à l’Anglaise de Noisiel.

(Les promeneurs donnent l’ordre de grandeur de ces arbres dont il

faudrait déterminer l’âge.

L’association « Arbres géants » donne la version milieu du XIXe)

Chemins dans la prairie

Ce qui a changé par rapport à la carte de Delagrive, très visible,

c’est la plantation d’arbres dans la prairie . Plus proche donc de

la délimitation actuelle entre partie boisée et pâturage.

La Vallière ou la Pompadour, auraient déjà à leur époque transformé la prairie.

Mais ils n’ont pu toucher au ru protégeant Noisiel. Pour cela il fallait en être

totalement propriétaire ce qui n’était pas le cas …

Il est possible d’y voir une volonté de masquer la vue du Château de

Champs depuis la berge de la Marne. N’oublions pas que jusqu’en 1860,

date du percement du canal entre Vaires et Neuilly, le chemin de halage

de la Marne était très fréquenté par les mariniers et par toutes sortes d’autres

marcheurs, pas toujours recommandables…

13) LE CHEMIN DE HALAGE

ET LE RELAIS DE MONTAPEINE

Ce chemin de halage pour tirer les bateaux est de plus de 10 mètres

de large entre l’eau de la rivière et la clôture des parcs.

C’est aujourd’hui encore, la limite territoriale du Domaine de la Navigation.

Un relais auberge et écurie pour les chevaux de traits,

existait à l’emplacement de Montapeine.

(Collection Jean-Claude Guillaume©2008)

L’indication « Chelles » est erronée, nous sommes bien rive gauche à Champs.

Déversoir du ru de Merdereau et entrée de Monteapeine à Champs sur Marne.

Bien que la navigation ait été interrompue en 1860, les berges de la Marne 

« halage montant » étaient encore au début du siècle dernier sans arbres

ni branchages. Le portail ouvrait sur le domaine de la ferme de Monteapeine

et du Château de Champs.

Le chemin de halage, 

le long du Bras Saint Gervais à Champs-sur-Marne.

La navigation s’est considérablement développée à la fin du XVIIe.

Véritable route de transit des marchandises venant de l’Est vers Paris.

La montée rive gauche de la rivière nécessite au moins un attelage de

deux chevaux pour une péniche à vide. Le contre halage chemin de descente

rive droite, n’est que de deux ou trois mètres de large.

L’embarcadère de Monteapeine se trouve aujourd’hui remplacé par une

pompe pour alimenter en eau le petit lac appartenant à la base de loisirs

du 93. Jusque dans les années 1980 on pouvait voir là une baraque de

pécheurs avec des boulistes. A cette époque le site était encore fermé

par un portail et le passage du halage complètement abandonné.

Il était impossible par le bord de Marne d’avancer vers Noisiel.

Le Bras St Gervais et la ferme de Monteapeine sur la carte de la Navigation

du début du XVIIIe (Société Historique du Château de Champs )

(Attention cette carte est positionnée avec le NORD vers le bas)

Sur cette reproduction de synthèse imagée, nous découvrons ce qu’était

le bord de Marne au début de 1820. Au premier plan la classe sociale qui

allait bouleverser les habitudes françaises, un couple de bourgeois

enrichis dans le négoce fluvial et l’approvisionnement de la capitale.

A l’extrême gauche, assise, une descendante de l’aristocratie mimant

la nouvelle classe sociale bourgeoise, sans devoir en partager le travail assidu.

La patronne du Relais avec son tablier blanc, surveillant tous ses clients.

Si ce métier existait déjà auparavant, l’essor de ces relais auberges

s’est achevé, a disparu ou s’est différencié, avec l’avènement de la deuxième

guerre mondiale. Juste à coté quatre ouvriers : le meunier du moulin de

Noisiel venant se divertir, prendre un verre, discuter avec les deux matelots

et le patron marinier. Et pour finir cette énumération, nous n’avons pas

oublié un dernier personnage à droite contre le vieux peuplier. Il s’agit

de l’intellectuel, philosophe, poète ou artiste, c’est lui qui conservera le

souvenir si précieux de ce temps révolu, en faisant une minutieuse

description de la scène, nous permettant de partager cette minute

arrêtée du Relais de Monteapeine… (l’instrument peint sur le panneau

du Relais est une « Trompe marine » ou « Trompe de brume ».

Instrument en cuivre avec une hanche, que les mariniers font sonner

pour avertir de leur passage et que l’on porte pendue sur la poitrine…)

Sur la partie Noisiel un mur de protection séparait le parc et le Château

du chemin de halage. (photo du mur effondré)

Le chemin de halage passait devant le moulin de Noisiel.

Ce moulin a été loué par Jean Antoine Brutus Menier en 1825,

au fils de François Gaston de Lévis. (C’est le début de l’implantation

des Menier sur le site de Noisiel) (réf. Site internet de la ville).

Photo Borne de la Navigation et chemin de halage à Noisiel.

Le numéro 159 Bis indique que nous nous trouvons à 159 kilomètres

du début navigable de la Marne du Domaine de la Navigation.

Le Bis indique que ce tronçon est un itinéraire secondaire. Le passage

véritable étant, le Canal de Vaires à Neuilly-sur-Marne. Les machines

de débroussaillage ont écorné le dessus de la borne, mais ne sont pas

parvenues à la renverser…

14) SOUVENIRS

« Parce que je me souviens de tout, que Mme de Marboeuf étant malade et se

croyant mourante, et tous ses amis s'étant concertés, avec sa sœur de Lévis

pour aller lui faire bonne compagnie , j'y fus appointée pour mon tour de rôle

au premier janvier de je ne sais plus quelle année, par exemple? mais ce

devait être sept ou huit ans avant 89, car nous étions encore en petits paniers,

et je vois d'ici nos petites robes… »

Souvenir de la marquise de Créquy sur l’Internet)

( INTROSPECTION POETIQUE DE L’HISTOIRE :

Henriette MICHEL

Henriette, l’aînée des deux filles Michel, était restée très

style Louis XV. Elle aimait les coiffures impressionnantes

et les rubans négligés de couleurs vives. Son allure grande

dame était une création savamment développée lors de

ses séjours à Versailles où elle apprit, avec l’aide de

son père conseiller secrétaire du Roi, les manières et

la méthode qui distinguent les jeunes filles bien éduquées.

N’étant pas d’origine noble c’est par son intelligence qu’elle

pu se hisser parmi les plus distinguées jeunes dames de

la Cour. Sa beauté et sa richesse ont bien sûr favorisé

cette ascension. Que son père, avec la permission du Roi,

puisse racheter le Château de Champs-sur-Marne à la Vallière

descendant de Louis XIV n’est pas étranger au respect profond

de toute la Cour pour ce parvenu, ce milliardaire de la riche

compagnie des Indes. Henriette épousera le maréchal de camp

de la garde du Roi , Jacques Auger de Marbeuf. Décédé en 89

son mari ne sera plus là pour la défendre des accusations de

malversation. Son métayer lui reprochera d’avoir affamé le bon

peuple en changeant de plantations sur le domaine. Pour être passée

du blé à la luzerne, Henriette sera condamnée en 1794, tous ses

biens saisis et décapitée. Les juges n’étaient probablement pas

au courant des usages agricoles, ils ne savaient pas que pour

éviter d’épuiser la terre il est impératif d’alterner les cultures !

Gabrielle MICHEL

Gabrielle Michel, un peu plus jeune que sa sœur, avait un

penchant sentimental pour toute nouveauté. L’engouement

pour l’Egypte qu’elle arborait dans son habillement et sa coiffure

surprenait son entourage. Son père souriait de cet artifice,

comment reprocher à sa merveilleuse fille des tenues

vestimentaires que lui-même avait approchées dans ses

voyages. Combien de fois, les colis reçus de ce baroudeur

des mers contenaient des choses extravagantes, jamais vues

et qu’il était impossible de porter dehors… Mais Gabrielle savait

qu’elle pourrait faire accepter à la Cour ce qu’elle aimait profondément.

Toute consciente qu’une mode se joue à l’impertinence et à

l’audace de son port.

Cette bonne musicienne avait vu Mozart lors de son passage

à Paris. Elle avait fait venir d’Autriche les partitions de Piano de

ce Maître qu’elle vénérait intimement.

Elle s’était essayée à la composition et nous reproduisons ici

la seule œuvre que nous connaissons de Gabrielle Michel.

Si cette pièce de Piano avait été insignifiante et banale nous ne

l’aurions pas réécrite pour que vous puissiez la jouer.

La nostalgie et une certaine tristesse qui s’en dégagent,

quand elle est bien interprétée, donnent à Gabrielle

une place de qualité parmi les écrivains pour cet instrument.

Partition de clavier:

L’usage de donner des titres aux pièces pour le clavier était très répandu en France.

On se remémore les innombrables descriptions imagées de Rameau ou de

Couperin pour le clavecin. Ici nous connaissons ce titre : « La Hart » étant le nom du

ruisseau longeant les Châteaux, le dictionnaire donne comme définition, 

« La Hart : la corde pour pendre et par extension l’acte lui-même »

Il semblerait également que son mari le chevalier de Lévis ait

été attiré par les mystères de l’Egypte mais dans le sens des

premières loges musiciennes de France , celles des symboles,

de la perfection de la création et des règles de conduite que

s’impose l’homme nouveau. Celui de l’époque des Lumières…

De Lévis meurt en 1787, c’est donc

également sans aucune protection que Gabrielle et sa fille seront

ensemble décapitées en 1794…

fin de l’introspection poétique de l’histoire)

15) François Gaston, chevalier de Lévis

Ce maréchal de France est né au château d’Ajac le 23 août 1720.

Il a été le compagnon d’armes du marquis de Montcalm.

(La dénomination municipale de Lévis pour cette ville

du Canada, fut choisie en l'honneur de François Gaston, chevalier,

seigneur et duc de Lévis (1720-1787), héros de la bataille de

Sainte-Foy en 1760.

site Internet : la ville de Lévis au Canada

reprend les armoiries des Lévis)

Le chevalier de Lévis

( Anonyme dans Lejeune 1931 sur Internet)

Canada, capitulation française 1760

Le chevalier de Lévis se marie en 1762

Avec Gabrielle Augustine Michel

Gouverneur de l’Artois en 65.

Général puis Maréchal de France en 83.

Duc en 84.

Mort à Arras le 26 novembre 1787.

Trois filles et un fils. Deux filles ont été décapitées dont

celle qui avait épousé le petit fils de louis XV.

Ainsi le Château de Noisiel des Lévis devient, comme le Château de Champs,

à descendance royale : Louis XIV pour Champs et Louis XV pour Noisiel :

« de Pauline, Félicité de Nesle, Favorite de Louis XV, naissance de Charles–Emmanuel

à Versailles en 1741. Celui-ci épouse Marguerite de Castellane-Esparron.

Leur fils le conte de Vintimille du Luc épousera, Marthe Gabrielle Artois de Lévis en 1783. »

Pendant la guerre d’Indépendance américaine, François Gaston de Lévis

correspondit amicalement avec son vieil adversaire James Murray.

(histoire maçonnique : On sait qu'en France les Sociétés de Concert

dominées par les francs-maçons ont, au XVIIIe siècle, joué un rôle

très important dans la vie musicale. L'idée venait en fait d'Angleterre,

où elle avait été mise en application dès 1724, date où fut créée

la Philomusicae et Architecturae Societas Apollini

On trouve dans les archives de la Philomusicae la mention suivante :

« Nos bien-aimés Frères et Directeurs de cette très Vénérable Société

dont les Noms figurent ci-dessous :

Frère James Murray a été régulièrement passé Compagnon ... »)

(RUE DE LA VILLE-L'ÉVÊQUE et CAMBACÉRÈS

VIIIe arrondissement de Paris, Histoire de Paris rue par rue,

maison par maison, Charles Lefeuve, 1875.

« Le marquis de Marbeuf, neveu du gouverneur de l'île de Corse,

avait pour femme la sœur de la marquise de Lévis. Son hôtel

devait être le 30. »

« Mme Henriette Françoise Michel, sœur de la duchesse de Lévis

et qualifié de veuve de Jacques Auger marquis de Marbeuf, née

à Nantes domiciliée à Champs (Seine et Marne) demeurant à Paris,

rue du faubourg saint Honoré 47, elle fut traduite devant le tribunal

révolutionnaire, condamnée et exécutée le 5 février 1794. »

(Biographie bretonne de Prosper Jean Levot. Internet)

16) Voici le Château de Lévis

L’ancien Château beaucoup plus classique était d’une grande sobriété.

(carte postale 1900 site Menier sur Internet)

Face nord, on distingue nettement que le terrain est en pente

allant vers la prairie basse et la Marne.

Le Château du duc de Lévis à Noisiel.

Acquis en 1879 par la famille Menier, plusieurs fois remanié,

le Château a été entièrement

démonté en 1954 par l’industriel chocolatier Menier…

(Famille actuellement propriétaire du Château de Chenonceau…)

Emplacement où se trouvait le Château de Noisiel, vue Nord Est.

Vue aérienne des fondations du Château de Noisiel

CHATEAUBRIAND 1818

(La Pléiade)

Les Cent-Jours

Grande allée de marronniers à Belle-île, sur Vaires,

propriété acquise par Pierre Marc Gaston de Lévis.

A noter que le chemin rural de Belle-île mène directement

à l’Abbaye de Chelles et qu’il est facile à cet endroit de traverser

la rivière en barque pour se retrouver directement devant le Château de Noisiel.

il s’agit de la famille du fils de François Gaston de Lévis qui avait émigrée

avant la Révolution et qui se retrouvait le seul descendant

des Michel et des Lévis sous l’Empire :

Pierre Marc Gaston, duc de Lévis, 1764-1830.

Ecrivain français.

Nommé en 1816 à l’Académie française.

Ouvrages : Littérature, Economie politique, Considérations morales,

Maximes, Souvenirs, etc.

Maxime préférée de Pierre Marc Gaston de Lévis :

« Le monde est si corrompu que l’on acquiert la réputation

d’homme de bien seulement en ne faisant point le mal ».

Kiosque pompe du ru de la Hart fin XIXe.

17) Votre guide et remerciements 

(Lucien Follet, photo B. Touati pour le magazine

Chelles-Contact de Décembre 2003)

Découverte et premier repérage de la Borne de Triangulation

en Novembre 2003, à l’aide d’une copie de Boussole chinoise magnétique

(invention de plus de 2000 ans) : un des angle indique bien le Sud !

Le chemin n’existait plus, il a été retracé par la suite,

c’est pour cette raison que la Borne est mangée par

les dents de la débroussailleuse.

Lucien Follet 


Né en 1944. 


Prix du Ministre des Arts et des Lettres,

Ecole des Beaux Arts de Toulon: Premier nommé en 1962 et 1963.


Compositeur.
Citoyen d’Honneur de la ville de Chelles, janvier 2007.

Pour tous commentaires sur ce site : lucien@follet.org

Tout en prenant l’entière responsabilité des idées émises

dans cette étude, je remercie particulièrement,

pour les renseignements et le travail historique :

Maryse Rivière, Ecrivaine, pour Gournay-Champs : maryviere@wanadoo.fr

Anne Barbara, Responsable du service Patrimoine de Noisiel : anne.barbara@mairie-noisiel.fr

M. Guillard, Sté Historique de Noisy le Grand, Champs/M, Gournay/M,

40, rue des Amandiers 93460 Gournay sur Marne.

Pour LEVIS et la Ville d’Arras l’Association : robespierre-62@wanadoo.fr 

Lévis au Canada : www.cyberacadie.com/Biographie de Levis

Monique Mazoyer, pour l’étude des Triangulations : mazoyer.monique@orange.fr

Château de Champs-sur-Marne, 31 rue de Paris 77420 (site Internet).

Christian Haïssat, Responsable des Parcs et Forêts, SAN Val Maubuée : 

c.haissat@san-valmaubuee.fr

IGN Direction générale 136, bis rue de Grenelle 75700 Paris.

Association arbres géants : www.sequoias.eu

(Lien direct pour le site sur les Bords de Marne rive droite à Chelles)